Paysages rêvés
Entre rêves et visions, les textes bibliques proposent plusieurs paysages oniriques dont les représentations obéissent à une tradition iconographique ancienne. On distingue ici le songe, c'est-à-dire le rêve, de la vision, vécue à l'état de veille.
Le caractère extraordinaire de ces paysages est l'occasion, pour un artiste comme Gustave Doré, d'exprimer toute la maîtrise de son art.
Le songe de Jacob
Fuyant la colère de son frère Esaü, Jacob se rend auprès de Laban. Pendant son voyage, il s'arrête à l'endroit qu'il nommera Béthel et fait un rêve (Genèse 28 : 11-19). Le songe de Jacob a fait l'objet de nombreuses représentations dans l'histoire de l'art. On peut en trouver ici deux exemples qui reprennent les mêmes éléments : Jacob endormi et les anges qui montent et descendent de l'échelle menant au ciel.
La première image est une vignette gravée sur bois illustrant le chapitre 28 de la Genèse (Bible en latin imprimée en 1574). Renaissance oblige, le graveur a représenté des ruines antiques en arrière-plan.
La planche suivante, une gravure réalisée d'après une illustration de Gustave Doré, provient d'une édition de la Bible datant de 1874. L'image se divise en deux par une diagonale : une partie sombre consacrée à Jacob endormi et une beaucoup plus claire soulignant la nature éthérée du rêve. Tout en conservant les traditionnels éléments iconographiques, Gustave Doré s'en affranchit quelque peu, son échelle s'apparentant ici d'avantage à un escalier.
Visions bibliques
Souvent grandioses et terribles, les représentations des visions des prophètes bibliques trouvent un écho dans celles de l'Apocalypse.
Débutant le chapitre 7 du Livre de Daniel dans la Bible en latin de 1574, le paysage de la vision de Daniel illustre à la lettre le texte qu'il accompagne (la mer soulevée par les quatre vents). La vignette représente tout aussi fidèlement les quatre bêtes de la vision.
Paysages marins aussi tortueux que les créatures qui y meurent ou en émergent... Armées célestes fendant les cieux... Gustave Doré donne presque autant d'importance à ses paysages qu'aux sujets principaux des illustrations.